samedi 13 décembre 2014

Les Amants de Bethmale

Les cœurs au sens propre ont souvent une place importante dans les légendes, sûrement pour se servir du sens figuré de celui-ci.

Venez vous installer auprès de moi, je vais aujourd'hui sortir de ma Catalogne pour vous conter une légende de nos voisins Pyrénéens Ariégeois mettant en scène ce fameux cœur aux pouvoirs étranges, celle des " Amants de Bethmale ".



Nous sommes vers l'an 1000 durant le Moyen-Age, dans la belle province de Bethmale qui se situe en plein cœur des Pyrénées.
A cette époque, la région ainsi qu'une grande partie du sud de la France était envahie par les " Maures ". Le seigneur de la vallée qui habitait le château de " Brame-Vaque " avec son fils se nommait Boabdil.

Il ne restait dans la vallée que les vieillards, les femmes et les enfants. Les hommes, eux, étaient partis dans les montagnes loin de leurs épouses et fiancées, pour échapper aux soldats et pour s'entraîner à combattre tout en fabriquant arcs, flèches, lances, ainsi que toutes autres armes pouvant servir contre l'envahisseur.

C'est ainsi que par une belle journée ensoleillée, la jeune Esclarelys, promenant son troupeau de moutons, rencontra le fils de Boabdil au hasard d'une prairie, dans laquelle ce dernier s'était isolé pour rêver loin des combats et des récits de bataille de son père, qui ne l'intéressaient pas le moins du monde.

Le jeune homme se présenta donc à Esclarelys et elle ne tarda pas à s'incliner devant sa délicatesse et son charme tout en se disant que ce garçon était tout l'opposé de son fiancé resté dans les montagnes; lui était bien plus brute et bourru.

Les jours passaient et les deux amoureux passaient leurs journées ensemble à se conter fleurette tout en gardant le troupeau de la belle Esclarelys.

Même s'il était isolé dans les montagnes, le jeune fiancé ne tarda pas à avoir bruit de cette histoire et s'exclut du reste des résistants, afin de se confectionner des sabots aux pointes longues et effilées vers le ciel, sous les moqueries de ses camarades, auxquels il répondait, lorsqu'ils lui demandaient à quoi cela allait pouvoir servir, qu'ils le verraient bien le moment venu.

Quelques temps après, tous les bergers, profitant du sommeil de leurs occupants, descendirent dans la vallée ; et c'est ainsi que les maures, surpris durant la nuit, essayèrent de leur faire face ou bien de fuir, mais ne mirent pas longtemps à s'incliner devant la fougue et la hargne des bergers.

Le lendemain, les vainqueurs défilèrent dans les rues du village portant la tête des vaincus sur la pointe de leurs lances.
A leur tête se trouvait le jeune fiancé éconduit, arborant ses sabots, avec sur chacune des pointes effilées un morceau de chair sanguinolent qui n'étaient autres que les cœurs d'Esclarelys et de son amant.

C'est depuis cette époque que dans la vallée de Bethmale les fiancés offrent à leur promise deux sabots aux pointes effilées, avec un cœur gravé au bas de chacune d'elle, qu'ils ont eux-mêmes amoureusement sculpté.
On dit même que plus les pointes sont longues, plus leur amour est grand...
Le Pérégriniste

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